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GABTOR
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19 mars 2011

GABTOR #2

chevalier

 

 PARTIE 1 LES CHEVALIERS DE VÉRIDION

 

C'était un jour comme les autres dans le royaume du Véridias. Le roi Véridion était assis sur son trône en orium blanc. Il avait les cheveux mi-longs tout grisonnant et de la barbe. La salle du trône était immense, ses portes étaient en chêne et ses murs étaient tapissés de superbes tapisseries représentant de grandes scènes de batailles et d'anciens monarques. Véridion se leva de son trône, sortit de la salle, emprunta plusieurs couloirs et arriva devant une porte gardée par deux soldats munis de tromblon, c’était la porte de la salle du conseil. Les deux hommes ouvrirent à leur suzerain, celui-ci entra et ses chevaliers se levèrent en le voyant. Véridion se dirigea vers son siège et s'assit, les autres firent de même. La salle était vaste, décorée sobrement et contenant une grande table et plusieurs chaises. Il y avait assis autour de la table une trentaine de chevaliers en armure.

- Mes chers chevaliers, dit le roi. Si je vous ai rassemblés ici, c'est pour choisir dix d’entre vous, afin de quérir le roi Salomon et son armée. Car je compte en finir une bonne fois pour toute avec la reine des ténèbres en l’attaquant sur ses propres terres.

Les féaux se regardèrent l'air perplexe, car pour choisir dix chevaliers, leur roi n'avait que l'embarras du choix.

 - J'irai, dit un homme de forte carrure, nommé Sparcius.

Il avait les cheveux noirs coupés courts et portait une armure imposante.

- Moi aussi, dit un autre féal, au nom d'Artis.

Il était plutôt fin, avait une pointe d’élégance et avait les cheveux châtains.

Puis huit autres chevaliers vinrent s'ajouter à la liste.

- Très bien messieurs, je suis fier de vous. Votre dévouement est sans faille. Dès maintenant, vous partirez donc vers le Salommonis.

 Tout à coup une vague de peur s'étendit sur l'assemblée. Les fenêtres claquèrent, puis se brisèrent, les morceaux de verre s'éparpillèrent dans la salle et une silhouette drapée de noir fit irruption. Elle dégagea un pan de sa cape, qui laissa entrevoir une partie de son armure en argentium noir et dégaina une longue épée à double tranchant. C'était un Karmataure. Il se dirigea vers le roi et traversa son pourpoint de sa lame. Elle s'arrêta net, puis se brisa et le spectre pu voire par la déchirure, une scintillante armure en orium blanc. Il fut déçu que son attaque ait échoué. Les gardes entrèrent, braquèrent leur tromblon et tirèrent. Le spectre surprit, fut projeté en arrière et passa par l’une des fenêtres brisées, puis il se redressa au cours de sa chute et s'envola vers l'île des Châtiments qui était le repaire de sa maîtresse, la reine des ténèbres, Karma. L'assemblée sortit de sa torpeur.

- Vous comprenez pourquoi vous devez y aller, car nous ne résisterons pas longtemps à leurs attaques, dit Véridion

- Heureusement que nous avons de vaillants gardes pour assurer la sécurité des lieux, dit un chevalier aux cheveux bruns qui se prénommait Fénure.

- Il faudrait que vous partiez maintenant et sans plus tarder, dit le roi, car le voyage sera long jusqu'au Salommonis.

- Nous sommes prêts à endurer ce long et pénible voyage pour le bien du royaume, nous vous en faisons le serment. Dirent les dix chevaliers choisis.

- Notre salut repose entre vos mains qu'il en soit ainsi, dit le roi.

Ils se levèrent et prirent congé. Les dix chevaliers préparèrent leur monture, dans la cour du château et la montèrent. Sparcius enroula la carte que le roi lui avait donnée et la mie dans l'une de ses sacoches. Le pont-levis se baissa, ils empoignèrent la bride de leur cheval et le talonnèrent. Un à un les cavaliers traversèrent et se dirigèrent vers le Gerbalgo. Ils parcoururent plusieurs kilomètres et enfin s'arrêtèrent dans une zone défrichée. Il n'y avait pas une seule trace de végétation, tout avait été coupé au centimètre prêt, excepté quelques arbres, qui avaient survécu au massacre.

 -Nous nous arrêterons ici, car il se fait tard, dit Sparcius.

Ils descendirent de leur monture.

- Fénure, tu iras chercher du bois pour le feu ! Dit Artis.

Fénure s'exécuta. Il était sur le qui vive, car la contrée n'était pas sure. Une ombre se glissa soudain derrière lui. Fénure se sentit suivi, il se retourna et vit une forme trapue, sa bouche était grande ouverte et déjà, elle se pourléchait les babines. C'était un ogre! Fénure prit les jambes à son cou et se dirigea vers le campement. L'ogre courut après lui et Fénure trébucha. Il dégaina son arme, mais la grosse masse pestilentielle le désarma d'un revers de main, le prit par la jambe et le mangea.

- Ahhhhhhhhh !

Alertés par ce cri de détresse les chevaliers dégainèrent leur épée et se dirigèrent vers l'ogre qui n'était qu'à quelques mètres. L'ogre fit jouer de ses bras noueux et envoya plusieurs de ses opposants au tapis. L'un des chevaliers tenant encore debout le prit par le flanc et lui fit perdre un bras. La créature pleine de colère le saisit avec son dernier bras et voulu le broyer, mais Sparcius arriva à temps. Il sauva son compagnon et vengea Fénure part la même occasion en enfonçant sa terrible épée à double tranchant, dans le cou du monstre. La créature rendit un dernier soupir et s'effondra sur le sol. Les chevaliers estourbis se remirent d'aplomb et le pauvre qui faillit se faire broyer remercia Sparcius.

-Merci, Sparcius sans toi je serai mort.

-Ce n'est rien. Dit-il l'air morose.

-Nous avons perdu Fénure, si j'avais su qu'il se serait fait prendre, je ne l'aurai pas envoyé chercher du bois, dit Artis anéantit.

-Il est mort et personne ne peut le ramener, mais le plus terrible aurait été qu'il ne puise pas être vengé, dit Sparcius.

Ils enterrèrent leur compagnon et prièrent pour le salut de son âme. Ils n'étaient plus que neuf. Ils décrochèrent leur couverture, ficelée sur le dos des chevaux, prirent les brindilles qu'avait eues le temps de ramasser Fénure et firent un feu. Les neuf compagnons s'enroulèrent ensuite dans leur couverture, sans manger, car après toutes ces émotions, ils n'avaient pas eu le temps d'attraper du gibier. Le lendemain matin, Sparcius et les autres se réveillèrent. Éldéront un jeune chevalier fougueux aux cheveux blonds et à la barbe naissante fut choisi  pour la corvée de bois. Il prit son épée espérant de tout son cœur ne pas faire de mauvaise rencontre. Sparcius quant à lui était parti à la chasse. Éldéront chercha partout des branchages, mais il n’y avait que des rochers, puis au loin il aperçut un tronc et s'en approcha. Il avait dans ses mains une cognée. Il entreprit la découpe et une petite entaille se forma sur l'écorce. Un peu plus loin Sparcius découvrit un sanglier, de quoi faire un bon repas. Il sortit son énorme épée et s'approcha doucement de l'animal, qui ne l'avait pas vu, car il était en train de se désaltérer dans une petite flaque d'eau. Sparcius souleva son arme au-dessus de sa tête, mais un bruit lui fit perdre l'avantage de la surprise, car le sanglier intrigué sortit sa truffe toute humide et dégoulinante de la flaque et évita le coup. Après avoir identifié la source de l'attaque, il fonça droit sur elle. Sparcius l'évita au dernier moment et avec difficulté à cause du poids de son armure, qui lui faisait perdre de sa vélocité. À la seconde charge Sparcius calcula son coup et trancha net l'animale. Après avoir essuyé sa lame sur la peau de la bête, il la rangea dans son fourreau et prit la carcasse saignante. Éldéront était encore occupé à tailler l'arbre. Sparcius qui l'avait vu avança d'un pas lourd, dégaina son arme et d'un coup précis, découpa l'arbre comme du beurre. Le végétal s'effondra lourdement sur le sol, Éldéront était stupéfait. Sparcius mit un pied sur l'arbre, posa le plat de sa lame sur son épaule et dit en riant.

 - Ça ce n'est pas un arbre pour les chiffes molles.

 Sparcius et Éldéront revinrent au camp. Ils furent applaudis et remerciés de bon cœur, puis tous se mirent à découper des tronçons de bois. Artis lui avait trouvé du silex, ce qui n'était pas très difficile dans ce désert de pierres. Ils firent un bon feu de camp, puis après avoir embroché et fait cuire le sanglier, ils le mangèrent avec appétit. Une fois le délicieux festin terminé, ils éteignirent le feu et se dirigèrent vers les volcans du Gerbalgo. Ils galopèrent et enfin s'arrêtèrent, devant une grande palissade, qui entourait la chaîne de volcans. Elle était en bois et les poteaux étaient attachés les uns aux autres par des tendons de sanglier, des tours de guet étaient postées derrière la palissade et des tentes en peaux étaient dressées, devant les volcans. Les volcans servaient aux gobelins d'immenses fourneaux, ils étaient toujours en activités et des dragons naissaient, au sein de la lave. Les gobelins aperçurent les preux. Ils se mirent à s’agiter dans tous les sens et s’armèrent jusqu’aux dents afin de combattre ces visiteurs indésirables. Des ogres entravés par des chaînes poussèrent de lourdes catapultes sous l'œil attentif de leurs dompteurs. Malheureusement les chevaliers ne savaient pas ce qui se tramait derrière la palissade, ils dégainèrent leur épée, avancèrent en deux lignes bien distinctes et talonnèrent leur monture. Un énorme bloc de pierres vint soudain s'abattre sur nos amis. Il brisa les rangs et deux chevaliers furent emportés. Il ne restait plus que sept preux. Ils descendirent de leur roncin et se dirigèrent vers la fortification. Ils se mirent soudain à brailler un cri de guerre et foncèrent. Les lourdes portes s'ouvrirent et une multitude de gobelins dévalèrent la pente, dans le plus grand désordre. Bruttor, un colosse de deux mètres aux cheveux roux et la barbe tressée fut le premier à abattre une douzaine de gobelins d'un seul coup de son marteau de guerre. Sparcius quant à lui brisa facilement les lignes ennemies. Élderont lui était aux prises avec un ogre, l'immonde créature l'envoya valser d'un coup de massue en orium rouge. Éldéront eut l'armure toute cabossée et sa joue gauche fut endommagée par une des pointes de la massue, du sang chaud sortit de la blessure. L'abjecte créature s'approcha de lui pour lui donner le coup de grâce, puis un rocher vola dans leur direction et l’ogre se prit le projectile en plein sur la tête, ce qui le tua sur le coup. Son corps inerte chuta et Éldéront eut le réflexe de rouler sur le côté. Le carnage ne s'arrêta pas là, car les catapultes se remirent à lancer leurs projectiles meurtriers et des gobelins sortirent aux commandes d'engins de guerre fabriqués en orium rouge. Bruttor, d'un coup de marteau détruisit une des machines qui se mit à flamber, le gobelin fut brûlé sur place et poussa un cri perçant, Bruttor fixa la petite masse verte qui se consumait devant ses yeux. Éldéront se redressa et étripa un machiniste qui s'enfuyait. Une des machines lança un boulet de canon et Bruttor fut projeté sur un rocher pointu qui traversa son armure dans une explosion de sang. Ses compagnons rangèrent leurs armes une fois le carnage terminé et se dirigèrent vers Bruttor agonisant.

-Mes amis, je n'étais pas à la hauteur, j'ai échoué.

- Non ne dit pas ça, lui dit Artis

Bruttor ferma les yeux et partit vers un monde meilleur. Ils l'extirpèrent du rocher pointu, firent une fosse et l'enterrèrent ainsi que cinq autres compagnons morts au combat. Leurs armes furent ensuite plantées près de leur corps. Sparcius, Artis et Éldéront se levèrent et prirent le chemin de la fortification, l'air penaud. Ils regrettaient leurs amis, puis ils se ressaisirent, traversèrent les portes de la fortification et foncèrent vers les escaliers taillés dans le volcan central où se tenait la tour du roi des gobelins. Artis, Éldéront et Sparcius montèrent quatre à quatre les marches et arrivèrent au sommet. Une haute tour leur fit face. La porte de l’édifice était fermée, mais Sparcius d'un coup de sa longue épée la taillada et une ouverture se forma dans le bois. Les trois hommes s'engouffrèrent alors dans l'ouverture. La salle était sombre et faiblement éclairée, le sol était en cristal et laissait se refléter la lave incandescente, qui se trouvait sous leurs pieds. Au fond de la salle, le roi des gobelins était assis sur un trône en orium rouge. Il était entouré par quatre gobelins en armes, des chamanes hurlèrent des incantations magiques, puis une masse sombre s'extirpa d’un trou taillé dans le sol en cristal. Nos trois compagnons furent face à un gigantesque dragon de couleur pourpre. Ses deux prunelles brillaient comme des rubis dans la semi obscurité, qui l'enveloppait comme une cape de voyage. Sa gueule sortit de l'ombre et cracha des flammes rougeoyantes, nos compagnons esquivèrent le déluge de feu. Le dragon qui avait grand faim avala goulûment les chamanes et une éructation rauque se fit entendre. Sparcius fonça vers le dragon qui essaya de le happer. Il évita heureusement la gueule béante du monstre et lui tailla le gosier dans une gerbe de sang. Le saurien eut le temps de dégager son cou trapu et de le diriger au-dessus du petit seigneur vert dans son manteau en soie pourpre. Il souriait tout en touchant la lame d'un petit couteau affilé. La tête se sépara du corps et écrasa le monarque qui hurla à la mort, le corps du dragon percuta le sol qui se brisa, l’édifice trembla sur lui-même et des pierres se détachèrent du plafond et aplatirent les gardes. Les trois chevaliers sortirent de la tour avant qu’elle ne s’effondre. L'édifice s'écroula et une nappe de lave le recouvrit. Nos amis dévalèrent les escaliers et furent poursuivis par la lave, des ogres et des gobelins rescapés s'enfuirent, suivis par des dragons qui sortirent des volcans alentour et obscurcirent le ciel de leur masse sombre. Sparcius, Éldéront et Artis dépassèrent la chaîne de volcans du Gerbalgo et partirent vers l’Est. Ils arrivèrent au Basaï-Dray, le sol se déroba sous leurs pieds et ils tombèrent dans une ancienne galerie bouchée. La galerie était obscure, on n'y voyait goutte, mais une lueur laissa découvrir un nain. Le petit être s'approcha pour observer ces formes insolites de plus près. Il fut stupéfait de découvrir trois humains et se frotta les yeux croyant rêver, car les humains ne s’aventuraient plus dans les montagnes, depuis que l'alliance avec les nains avait été brisée. Le nain ne se posa pas de question et fit signe aux voyageurs de le suivre, puis il fit volte face, les trois hommes le suivirent et durent se baisser pour ne pas se cogner à la tête. Ils débouchèrent dans une grotte tout illuminée par des lucioles enfermées dans des bocaux et ils découvrirent des nains affairés à leur travail. Il y en avait qui manipulaient le métal brûlant avec des tenailles, d'autres s'occupaient des fours. Ils fabriquaient toute sorte d'équipement, des épées, des écus… Le guide fit signe aux chevaliers de ne pas faire de bruit, pour ne pas déranger les ouvriers. Ils arrivèrent ensuite dans une galerie aérée où ils purent se reposer. Plusieurs minutes après, ils se rendirent dans la salle d'audience, après avoir franchi des portes en fer forgées, gardées par quatre nains en armure en orium gris et équipé de hache à doubles lames. Le roi des nains était vieux et ses longs cheveux et sa longue barbe traînaient à ses pieds. Les chevaliers s'agenouillèrent, celui-ci les invita à s'asseoir sur un banc en plomb. Il leur demanda ensuite de lui raconter leur périple. Artis lui raconta la bataille contre les gobelins, le combat contre le dragon… Le roi des nains leur dit:

 - Grand merci seigneurs chevalier, grâce à votre prouesse l'armée gobeline a été grandement affaiblis …

 Il frappa dans ses mains toutes ridées et des nains arrivèrent avec des brouettes contenant des pièces d'armures.

-…Et donc en gage de gratitude, je vous offre à chacun une nouvelle armure en orium blanc ainsi qu'une épée.

 Les nains leur ôtèrent leur armure cabossée, leur prirent leur épée ébréchée et les échangèrent avec celle que le roi des nains leur offrait. Les trois chevaliers remercièrent le roi, prirent congé et furent raccompagnés vers la sortie, bien contents d'être sortis de la mine dans laquelle ils suffoquaient. Ils remercièrent le nain qui les avait guidés depuis le début et se dirigèrent vers le Féralas. Le soleil était à son zénith et la forêt était luxuriante. Tout à coup le ciel s'assombrit, une nuée de Karmataures, la troupe délite de Karma, survola la forêt et nos trois amis furent repérés. Les spectres descendirent à leur hauteur, puis se dressèrent devant eux. À chaque fois qu'ils s'approchaient, on aurait dit que la vie s'arrêtait tout à coup, les fleurs fanèrent et se recroquevillèrent, l'herbe cessa d'être verdoyante, les arbres perdirent leurs feuilles et les oiseaux cessèrent de pépier, on aurait cru que l'hiver était survenue. Nos trois compères furent encerclés. Tout à coup le soleil se coucha et l'obscurité prit place. Les Karmataures dégainèrent leur épée et resserrèrent les rangs. Alors que tout semblait perdu, les spectres arrêtèrent subitement leurs gestes et des hurlements les firent sursauter. Une lumière intense et pure les aveugla et soudain sept loups d'un blanc immaculé et enveloppé d'une aura lumineuse apparurent, c'était surnaturel.

-Ils sont revenus, murmura Éldéront.

Les loups se ruèrent sur les spectres qui une fois touché se dématérialisèrent dans une pluie de lumière, puis ils poussèrent ensuite un dernier et ultime hurlement avant de disparaître comme par magie du monde matériel. Nos trois amis une fois remis de leurs émotions furent encerclés par des elfes en armes, conduis par une chamane. La femme dit :

 - Humains, vous venez de pénétrer au Féralas et notre souverain, le roi Slian a décrété que tout étrangers voulant traverser notre forêt, doivent d’abord faire montre de courage. Nous allons donc vous faire comparaître devant le chef du clan auquel nous appartenons, celui du chef Thanaï. Veuillez nous suivre sans faire de résistance !

Nos amis furent donc attachés et désarmés. Une fois arrivés au clan du chef Thanaï, tous les habitants s'approchèrent d'eux et fixèrent avec étonnement les nouveaux arrivants. Thanaï  sortit ensuite de sa hutte de branchages et de feuillages. Les elfes accompagnant la chamane jetèrent les trois chevaliers à ses pieds. Il avait un large front, était grand et ses sourcils étaient broussailleux. Soudain une jeune femme elfe sortit du rang, elle avait de longs cheveux châtains, des yeux enjôleurs et son corps était serré dans un ensemble en cuir qui soulignait sa belle silhouette fine. Éldéront releva sa tête et la vit, il tomba instantanément sous le charme. Elle se sentit soudain observée. Elle regarda Éldéront et se mit à lui sourire.

 - Élayna !

 Elle se retourna et avant de rejoindre la personne qui l'avait appelée, elle fit un clin d'œil à Éldéront et partit. Il la regarda s'éloigner et un seul mot sortit de sa bouche:

 -Élayna.

 Un pied se souleva derrière lui et lui pressa la tête contre le sol. Le chef les fixa longtemps, le temps d'analyser la situation et eut une idée.

- Relevez les et suivez- moi ! Dit-il aux gardes qui surveillaient nos trois amis

Les elfes de la chamane les redressèrent et suivirent le chef qui ouvrait la marche, la foule s'écarta laissant passer les trois chevaliers. Ils débouchèrent dans un sous-bois, éclairé par les puissants rayons du soleil. Ils courbèrent l'échine et avancèrent à pas comptés, les archers désarmèrent les trois chevaliers et enfoncèrent les armes dans un tas de glaises. Nos trois amis les regardaient faire, étonnés. Le chef s'adressa à eux:

 -Comme vous pouvez le constater, vous êtes à présent sans armes, dommage car vous en aurez besoin si vous voulez survivre.

 Les elfes en armes rassemblèrent les liens des prisonniers et les attachèrent à un pieu. Sparcius se trouvait devant leurs armes et Éldéront et Artis étaient sur ses flancs, on les laissa seuls dans cette posture très inconfortable, seuls et à la merci des bêtes sauvages. La nuit tomba et le ciel était tellement obscur qu'on ne pouvait voir la voie lactée. Soudain une ombre s'approcha près d'Éldéront, il leva la tête.

 -Élayna !

- Chut !

- Vous êtes venue nous aider?

- Oui.

Elle sortit un couteau et découpa leurs liens. Sparcius se releva, empoigna les trois armes et explosa la gangue de glaise. Artis et Éldéront se relevèrent. Ils étaient éreintés, affamés et furent soudain submergés par une vague de fatigue. Ils tombèrent à genoux et Élayna leur demanda de se relever. Des bruissements se firent soudain entendre derrière l'enchevêtrement d'arbres sinueux et confirmèrent les craintes d'Élayna. Tout d'un coup, un grand et puissant reptile à tête de dragon, sortit hors d’un tas de fourrés et les regarda avec envie. La guivre fit ensuite onduler son corps sur l'herbe tendre qui garda une trace de son passage, puis une fois arrivée à leur hauteur, elle profita de leur somnolence pour les étouffer avec ses anneaux. Élayna saisit l’arc qu'elle avait apporté au cas où il faudrait se battre, prit une flèche et la décocha. Le reptile la prit entre les deux yeux, mais cela ne fut pas suffisant. Éldéront qui s’était remit de sa léthargie, releva les autres et une fois remis sur pied, ils formèrent un triangle compact. Ils avancèrent prudemment vers l'ennemi, qui ne s'occupait déjà plus d'eux. Élayna tourna la tête pour voir ce qu'ils faisaient et la guivre l'ayant vu distraite, l'envoya valdinguer avec sa queue. Élayna fut propulsée dans les airs et retomba sur le sol. Éldéront sortit du rang pour aider Élayna, mais la guivre bloqua le passage avec son corps. Sparcius se mit à côté de Éldéront et d'une main experte entailla l'abdomen de la guivre. La créature poussa un sifflement strident et son sang se déversa de la plaie béante. La guivre ouvrit une large gueule et laissa voir une dentition effroyable, elle essaya de happer Artis, mais celui-ci l'esquiva juste à temps et empoigna son épée à deux mains. La guivre renouvela l'attaque, Artis enfonça sa lame dans la mâchoire du monstre jusqu'à atteindre le cerveau de la créature, qu'il transperça de son arme, et la guivre s'effondra. Il extirpa son épée de la gueule saignante et souffla soulagé. Éldéront rejoignit Élayna qui s'était relevée.

 -Est ce que vous allez bien? Lui demanda-t-il.

-Ça va, je n'ai rien de cassé. Lui répondit-elle.

-J'en suis soulagé. Au fait, merci de nous avoir aidé, vous n'étiez pas obligée, dit Éldéront.

-Ce n'est rien, je suis contente d'avoir pu vous apporter mon aide.

Elle regarda le ciel puis reprit.

-Il se fait tard, je vais retourner à mon logis.

-Attendez! Restez! J'aimerais en apprendre un peu plus sur vous… je veux dire sur votre peuple si cela…

-Vous souhaitez en apprendre plus sur moi ou sur mon peuple? Lui demanda elle en souriant.

-Je…

-Très bien, parlons, de toute façon je désire aussi apprendre des choses.

-C'est vrai! Dit Éldéront ravi.

-Ne vous méprenez pas, ce n'est pas sur votre personne, mais sur votre groupe. Permettez- moi de commencer.

-Très bien, que souhaitez vous savoir?

-Qu'est ce qui vous a poussé à venir jusqu'ici? demanda Élayna.

-Nous avons été envoyé par notre roi, Véridion, pour aller quérir le roi du Salommonis, afin qu'il nous apporte son aide pour la bataille à venir contre la démone. C'est tout ce que vous désirez savoir?

-Comment avez-vous réussi à venir jusqu'ici malgré les gobelins?

-Nous sommes passé en force au niveau du volcan central, mais ce ne fut pas sans sacrifice, car la bataille contre les gobelins a eu raison de sept d'entre nous.

-Je suis désolée pour vos amis.

-Ils ont fait leur devoir.

-À votre tour maintenant, car j'en ai fini pour l'instant.

-Très bien, la raison pour laquelle je désire vous connaître plus est que…je ne vais pas y aller par quatre chemin. Je suis tombé sous votre charme dès que je vous ai vu et je ressens quelque chose pour vous. Je sais que cela est rapide, mais c'est ainsi, je ne me l'explique pas. Donc je…

Elle lui saisit la tête et l'embrassa. Éldéront fut surpris, mais ne la repoussa pas.

-Je ne sais pas quoi dire, dit Éldéront.

-Alors ne dîtes rien. Voilà, je vais vous faire une confidence. Je crois que notre rencontre n'est pas le fruit du hasard. Je veux dire par là que c'était écrit, car la chamane de mon clan m'a dit qu'un jour, je rencontrerais un groupe d'humain partit quérir le roi du Salommonis et que parmi eux, un jeune homme aux cheveux blonds me déclarerait sa flamme et que j'étais promise à un bel avenir avec lui.

-Vous pensez donc que c'est moi? C'est bien ça?

-Oui, tout concorde, de plus vous êtes le seul blond du groupe.

-C'est vrai.

 Ils s'allongèrent dans l'herbe et firent connaissance, Élayna se montra moins hostile à l'égard de Éldéront et ce mit à le tutoyer, il fut ravi de voir qu'entre eux tout semblait marcher.

 -Je suis le fils de deux noble du Véridias… Je fus mis au service du roi Véridion à l'âge de seize ans, j'ai deux frères, l'un est mon aîné et l'autre est mon cadet. Je ne te cache pas qu'avant toi j'ai eu d'autres amour…

-Moi je suis la fille unique de deux anciens membres du clan de Thanaï… À mes dix-huit ans, ils sont partis pour la capitale, car ils commençaient à en avoir assez des moeurs de notre clan, moi j'ai préféré rester ici, car je n'ai pas voulut quitter mon ami d'enfance, ils ont accepté mon choix à contre cœur et je leur ai promis de venir les voir le plus souvent possible…

 Ils s'enlaçaient, rigolaient et cela dura jusqu'à ce que le sommeil leur pèse, ils se promirent de se revoir dès que la démone serait enfin morte et dormirent enfin. Le lendemain matin Éldéront se réveilla et fut surpris de ne pas voir Élayna, il se releva et vit les autres se faire réveiller par Thanaï. Artis et Sparcius se redressèrent péniblement, le chef leur dit:

- Je vous félicite, vous êtes venus à bout de cette guivre, qui rôdait autour de notre campement depuis voilà plusieurs lune…

Éldéront cherchait une explication à la disparition d'Élayna et regardait dans tous les sens.

 -… Grâce à vous nous pourrons dormir sur nos deux oreilles.

- Il n'y a pas de quoi, dit Sparcius.

- En gage de remerciement, nous vous offrons ces modestes victuailles, ainsi qu’un sauf-conduit, vous permettant de traverser librement notre royaume et si vous êtes attaqués, le clan le plus proche viendra vous aider.

Il leur tendit une besace en peau de chevreuil remplie de galettes et autres, ainsi que le sauf-conduit. Ils prirent congé et partirent. Ils marchèrent longtemps dans les broussailles et fort heureusement les arbres cachaient le soleil, car il cognait fort. Ils prirent chacun une galette, enfin ils étaient sortis avec quelque chose à se mettre sous la dent. Soudain, la consistance du sol changea, ils regardèrent à leurs pieds, le sol était recouvert de dépouilles d’elfes noirs et d'elfes. Ils entendirent une voix, se tournèrent vers sa provenance et virent un homme.

 - Qui êtes-vous ? Demanda Sparcius.

- Je suis le champion de Karma et voici venue la fin de votre voyage.

 Il avait une armure en argentium noir, une cape déchirée et une longue épée ressemblant à un katana, son visage était grave et quelques cicatrices le strié, ses cheveux étaient mi-longs et noirs et une barbiche pointait sur son menton. Éldéront réagit, il dégaina son épée et dit:

- Va rôtir en Enfer !

- Je prends ça pour un défi. Vous, restez en arrière ! Ajouta-t-il aux elfes noirs, qui se trouvaient derrière lui.

 Il sortit son épée et le duel commença. Le champion s'approcha et Éldéront qui ne pouvait plus contrôler sa haine courut sans réfléchir dans sa direction. Il brandit son arme la fit tournoyer et voulu l'abattre sur le plastron de son adversaire, mais le chevalier noir contra son attaque, les lames s'entre choquèrent et le combat s’intensifia. Éldéront reprit largement l'avantage, les deux duellistes suèrent abondamment. Éldéront eut soudain un moment de déconcentration qui lui fut fatal et son adversaire en profita pour lui asséner un coup avec la garde de son épée et Éldéront se pâma. À l'instant même où le champion du démon voulut porter le coup fatal, après avoir muni son épée d’une aura ardente, une pluie de flèches s’abattit sur lui et ses soldats qui s’effondrèrent sur le sol. Les elfes qui avaient tiré les flèches sortirent de leur cachette et le champion qui était encore debout se mit à rire.

 - Voilà tout ce dont vous êtes capable? Dit-il, c’est pitoyable.

 Il frappa des mains et au moment où il allait disparaître dans un torrent d’obscurité, Éldéront  se releva le nez en sang et malgré le fait  que sa vue fut troublée, ramassa son épée et la lui enfonça dans le cou.

- Tu n’iras nulle part, sauf en Enfer.

Éldéront retira son arme du cou du mort, chancela et tomba à genou. Après avoir remercié les elfes du clan de Tarnama pour leur aide inattendu et pour avoir complètement guéris Éldéront de ses blessures qui avaient été sommairement soignées, les chevaliers reprirent leur route. Ils marchèrent deux jours sans s'arrêter, puis la fatigue se faisant soudain ressentir, ils décidèrent de se reposer, mais la pluie se mit à tomber sur eux et ils durent se réfugier. Ils trouvèrent enfin une grotte.

-Saleté de pluie! Grommela Sparcius.

-Heureusement qu'on a trouvé cette grotte, dit Éldéront.

Ils s'allongèrent après avoir posé leur paquetage, puis s'assoupirent, soudain un grondement se fit entendre.

-Tu ronfles drôlement fort, dit Artis à Sparcius.

 -Ce n'est pas moi, dit Sparcius vexé, et il reprit un poil énervé  dit tout de suite que je suis un gros ronfleur.

-Alors si ce n'est toi…

Un bruit étrange le coupa net. Une flamme verte atterrit près d'eux et éclaira faiblement l'endroit. Ils purent voir une vouivre sur ses deux pattes arrière, son escarboucle brillant de mille feux et ses ailes repliées. Sa gueule de dragon allait cracher une nouvelle flamme verte lorsqu'un rat s'approcha d'elle, elle l'attrapa avec sa gueule, car elle était dépourvue de pattes avant et le mâcha. Sparcius se releva péniblement et profita de cet instant de répit pour foncer droit sur la créature.

 -Non, arrête cette folie! Lança Éldéront.

-Elle est trop loin de nous et je n'ai pas envie de rester sur place en attendant qu'elle nous atteigne avec ses flammes. Dit Sparcius.

La vouivre le vit et lança un rayon rouge grâce à son escarboucle. Sparcius prit le rayon de plein fouet et se mit soudain à vieillir à une vitesse hallucinante.

 -Je ne mourrais pas avant de t'avoir tué, dit Sparcius.

 Il envoya avec les dernières forces qui lui restaient, sa redoutable épée, elle transperça le ventre de la bête et celle-ci trouva La Mort. Sparcius tomba sur le sol et ne fut plus qu'un squelette. Nos deux amis furent effondrés.

 -Pourquoi es-tu toujours si impulsif? Dit Éldéront en versant des larmes.

 Ils voulurent l'enterrer, mais à peine avaient-ils posé les mains sur sa dépouille qu'il tomba en poussière. Le lendemain, ils quittèrent l'endroit maudit et quelques jours plus tard ils arrivèrent enfin au Salommonis. Ils empruntèrent un chemin caillouteux, pour arriver finalement devant le château de Salomon. L'immense édifice était tout blanc, le pont-levis était en chêne et sur le bois était clouée une grande plaque en orium blanc en forme de S.

-Nous avons réussi, dit Éldéront.

Une fois à l’intérieur de l’édifice, le capitaine de la garde escortée par cinq soldats vint à leur rencontre.

- Suivez-moi !

Ils gravirent plusieurs marches, puis entrèrent, dans la salle d'audience et avancèrent jusqu'à un trône richement décoré. Le roi était assis sur un confortable coussin en velours brodé de fils d'or. Ils s'agenouillèrent, puis le souverain leur fit signe de se lever.

- Bonjour, seigneurs chevaliers. Que faite vous si loin du fief de votre suzerain ?

-Notre roi a grand besoin de l’aide de votre armée votre majesté, car il désire mener bataille contre le démon. Tenez voici une lettre écrite de sa main. Dit Artis.

-Je vois, et bien ne vous inquiéter plus pour cela je suis près à aider mon vieil ami. Sur ce, je vous offre le gîte et le couvert jusqu’à ce que mon armée soit prête. Ma nièce va vous conduire à vos chambres.

- Merci seigneur.

Ils prirent congé et sortirent de la salle, la nièce du roi les attendait.

-Veuillez me suivre messieurs !

Ils la suivirent, elle était belle et jeune, elle avait de magnifiques yeux bleu azur et de longs cheveux blonds. Elle leur parlait d'une voix si douce, mais comment résister à son charme? Ils gravirent plusieurs marches en marbre blanc, une fois arrivé elle leur indiqua leurs appartements, puis avant de partir elle leur dit.

-Le repas sera servi dans la grande salle.

Plus tard ils mangèrent en compagnie du roi et celui-ci leur apprit que la mobilisation de son armée risquerait de durer un moment, donc nos deux amis devront attendre avant de pouvoir repartir avec les renforts.

À suivre...

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